LOG IN_book a call

Vous cherchez quelque chose ?

Vous cherchez quelque chose ?

Andi Oliver

Chef
35-45, London

Présentation de l'invitée

Andi Oliver est une cheffe britannique reconnue, animatrice, ancienne musicienne, célèbre pour sa personnalité flamboyante et sa passion profonde pour la cuisine et la culture. Née à Londres en 1963 de parents originaires d’Antigua, elle a grandi à Bury St Edmunds, dans le Suffolk, où elle a très tôt développé un goût pour les traditions culinaires variées.

Parlez-nous de votre lieu de vie, votre ville ou région, de vos activités, et ce que vous aimez dans votre ville d’origine ?

J’ai vécu longtemps dans l’Est de Londres. Je ne suis pas née à Londres, mais j’y suis arrivée à l’adolescence. Ce qui rend Londres fascinante, c’est que la plupart des Londoniens viennent d’ailleurs. C’est une ville de migrations, une ville qui incarne le mouvement des peuples. Elle est un exemple éclatant de ce qu’une métropole peut être : on y trouve des cultures, des musiques, des danses venues du monde entier. À chaque coin de rue, on entend une autre langue. J’adore ça. C’est une ville pleine de vie.

Vos adresses incontournables à proximité ? (restaurant, marché, galerie, musée, lieu confidentiel…)

J’aime les marchés de Londres. Ridley Road Market, Brixton Market… J’aime les marchés populaires, un peu bruts. Partout où je vais dans le monde, je vais toujours au marché. Pour moi, c’est l’artère principale d’une ville. C’est là qu’on comprend les gens, qu’on sent le cœur de la cité. Certains marchés sont trop touristiques, très chers, mais d’autres comme Ridley Road ou Brixton sont fabuleux, on y trouve des mets incroyables, des gens formidables, et on commence à saisir l’âme de Londres. C’est une ville difficile à appréhender si on n’y vit pas, mais les marchés sont une excellente porte d’entrée.

Contrairement à ce qu’on pense, je ne suis pas toujours fan des restaurants gastronomiques – parfois oui, selon l’humeur. En famille, on va souvent chez nos amis au merveilleux restaurant Shankey’s. Le propriétaire est irlandais et indien, il cuisine des plats fabuleux. On a longtemps cuisiné ensemble. Ses plats sont délicieux, les boissons magnifiques, la musique top, et l’ambiance est parfaite du lundi au samedi.

J’aime aussi Quo Vadis, tenu par Jeremy Lee, l’un des plus beaux êtres humains du monde. Et Chishuru, le restaurant d’Adejoké (Joké) Bakare, première femme noire à obtenir une étoile Michelin à Londres. J’aime les lieux où l’on sent de l’amour. Café Cecilia est aussi formidable (pain frit, pudding…).

Vos endroits préférés sur Terre ?

Le marché de St. John, à Antigua, le samedi matin à 5h. C’est extraordinaire. Tout le monde s’y retrouve, les étals sont pleins de poissons frais, de légumes et fruits incroyables. Il y a de la musique, de l’énergie, de la vie. C’est mon monde. On y trouve d’énormes avocats, et la fameuse dame des tisanes à qui l’on raconte ses maux pour qu’elle prépare son infusion de plantes. Ensuite, je récupère mon poisson et à 7h30, direction la plage. Le bonheur absolu.

Ma famille est originaire d’Antigua, et y cuisiner me connecte à ma grand-mère et à mes ancêtres. J’ai l’impression de prolonger leur lignée. C’est puissant et émouvant. J’y participe aussi à la Restaurant Week, entourée de chefs caribéens du monde entier. On s’inspire, on apprend les uns des autres.

Pensez-vous qu’il est important de voyager, et pourquoi ?

Voyager est essentiel. Cela élargit l’esprit, le cœur, l’âme. Cela nous rappelle d’avoir de l’empathie. Un des grands problèmes du monde actuel, c’est que les gens oublient l’empathie. On se méfie les uns des autres, on oublie de se mettre à la place de l’autre. Le voyage nous rappelle cela. Il nous montre que les gens vivent autrement, mais cela ne fait pas d’eux des ennemis. On découvre qu’on a bien plus en commun qu’on ne le pense. Le voyage nous reconnecte à notre humanité partagée.

Que pensez-vous du futur du voyage et de ce que nous, citoyens, devons envisager ?

Il faut se demander ce que l’on apporte aux lieux que l’on visite, pas seulement ce que l’on en retire. Trop souvent, le tourisme est une forme d’exploitation : on puise dans les ressources, puis on repart. Il est crucial de se connecter aux habitants, de s’impliquer dans leur quotidien, que notre argent bénéficie aux bonnes personnes, aux bonnes infrastructures. Respecter la culture, apprendre vraiment, c’est cela le vrai voyage.

L’éco-tourisme est une piste prometteuse : voyager d’une manière qui enrichit les lieux au lieu de les appauvrir.

En tant que femme, comment jugez-vous l’avenir de notre monde ou de nos sociétés ?

Je pense que nous sommes en difficulté. Pourquoi ? À cause de ce manque d’empathie dont je parlais. L’essor du populisme et des politiques d’extrême droite dans le monde me préoccupe profondément. Plus que jamais, nous avons besoin des femmes. Pas juste parce qu’elles sont femmes – certaines femmes politiques me glacent le sang – mais parce que les femmes liées à la terre, à la famille, à l’amour, à la transmission, sont vitales.

Pour moi, la cuisine, aussi surprenant que cela puisse paraître, est une manière d’unifier les âmes, de rassembler autour d’une table, de partager des histoires, et de se révéler. Cela donne du sens à ma vie. Ce n’est pas ce que toutes les femmes doivent faire, mais moi, oui.

Comment pensez-vous pouvoir y contribuer ?

Nous pouvons tous agir à notre niveau. C’est difficile de penser à une contribution globale, mais on peut embellir notre coin du monde. Être là pour sa famille, sa communauté, soi-même. Si vous êtes cuisinier, cuisinez. Si vous êtes artiste, peignez. Être à l’écoute, et se faire entendre, c’est déjà contribuer.

Des femmes que vous admirez ?

Madame Pélicot, en France, qui a survécu à une horreur inimaginable, et dont la dignité et la beauté m’émeuvent profondément. On a tous à apprendre de sa force.

J’admire Alice Walker, Maya Angelou, les écrivaines passionnées. Bell Hooks est une véritable héroïne pour moi, son écriture est d’une puissance folle. Et Elif Shafak m’accompagne au quotidien.

Votre rêve de voyage ?

Mon rêve serait d’avoir une année entière. Je commencerais dans les Caraïbes, à Antigua bien sûr. J’aimerais apprendre à naviguer correctement, visiter la Dominique, d’où vient mon grand-père. Explorer les îles, leur cuisine, leur musique, leur culture. J’adore les îles, les découvrir à travers le monde serait fascinant. Après les Caraïbes, direction les Philippines. Je reviens de Singapour – quelle expérience incroyable – et j’étais au Sri Lanka l’an dernier. Le fil conducteur de tous ces voyages, c’est la découverte authentique des cultures.

Andi OliverAndi Oliver
Andi OliverAndi Oliver
< prev
next >
partager...
En cliquant sur « Accepter tous les cookies », vous acceptez le stockage de cookies sur votre appareil pour améliorer la navigation sur le site, analyser l'utilisation du site et nous aider dans nos efforts de marketing. Consultez notre politique de confidentialité pour plus d'informations